,+mon+fr%C3%A8re+%27Abd+Arrahman+et+moi.jpg)
Je pense à elle.
De plus en plus.
Les souvenirs reviennent.
Je regarde une photo des années cinquante.[1]
Souriante sous un abricotier[2] du jardin de la maison que nous occupions à Tafraoute,[3] elle est enceinte de son premier enfant[4] et porte un petit garçon.[5]Je me tiens debout à sa gauche.
Elle n’avait pas dix sept ans lorsqu’elle est devenue la femme de mon père.[6]
Il lui avait fait croire qu’il était célibataire, sans enfant.[7]
Aujourd’hui, elle va sur ses soixante quatorze ans.
Elle poursuit son chemin.
Et je me demande toujours, ce qu’elle pense de son parcours.[8]
BOUAZZA
[1] Le Maroc, colonisé par la France et l’Espagne, allait se voir octroyer quelques années plus tard, « l’indépendance dans l’interdépendance ».
[2] Je parle d’un abricotier parce que je crois que c’est souvent ce que j’ai entendu dire.
[3] Tafraout (le « r » roulé) : petit village à l’époque, dans les montagnes dites de l’Anti-Atlas au Maroc (Maghrib).
[4] Installé en France depuis plusieurs années.
[5] Mon frère qui vient juste après moi. Grand-père aujourd’hui. Installé à Casablanca (ddar lbida) au Maroc.
[6] L’existence ici-bas de mes parents s’est achevée. Qu’Allah leur accorde Son Pardon et Sa Miséricorde.
[7] Il avait sept enfants : deux du premier mariage et cinq du second avec ma mère qui était encore sa femme. Avec sa troisième femme (cette belle-mère donc), il a eu huit enfants. Par la suite, il a eu d’autres femmes et d’autres enfants.
[8] Et moi, qu’est-ce que je pense du mien ?
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